Test : Persona 5 Strikers sur Nintendo Switch
Genre : Action, RPG
Langues : Anglais, Japonais Sous-titres : Français
Développé par Omega Force
Édité par Atlus
Sortie France : 23/02/2021
Prix : 59,99€ sur l’eShop, 49,99€ version boîte
Taille : 12252 MB
Joueurs : 1
Age minimum : 16+
Il y a un an sortait sur le sol nippon Persona 5 Scramble, au grand dam des Occidentaux. Pas de panique toutefois, l’équipe d’Atlus a pensé à tout puisqu’elle nous gratifie à notre tour d’une version Playstation 4, PC et Nintendo Switch nommée Persona 5 Strikers.
Cette fois-ci les éditeurs se sont octroyés les services du studio Omega Force, bien connu pour sa série des Warriors (Dynasty Warriors, Hyrule Warriors ou encore Fire Emblem Warriors), pour développer ce nouvel épisode.
Il s’agit effectivement d’une suite directe à Persona 5, la version “royale” étant mise à l’écart, semble-t-il, puisque les événements et personnages supplémentaires n’existent pas. Les amateurs de la licence seront donc ravis de suivre les péripéties des Voleurs Fantômes, menés par le charismatique Joker. Néanmoins, c’est la première fois que Persona débarque sur Nintendo Switch (si on met de côté le crossover Tokyo Mirage Session) et les joueurs désireux de découvrir cette série seront peut-être perdus lors des premières heures de jeu.
En effet, Persona 5 Strikers ne propose aucun background susceptible de nous remettre dans le contexte. Sans évoquer les événements de P5, on découvre une bande d’amis ayant terminé le lycée, prêts à se retrouver pour les vacances d’été. Malheureusement, les voilà embarqués dans une dimension parallèle appelée Metaverse, dans laquelle se trouvent des Prisons correspondant à des villes nippones. Ces dernières sont dirigées par des Monarques, qui volent les désirs des gens. Dans le monde réel, ces derniers sont ainsi contrôlés comme des pantins et agissent bizarrement. Ce qui pousse les Voleurs Fantômes à enquêter à travers tout le Japon !
Persona 5 est réputé pour être l’un des meilleurs RPG de tous les temps. La qualité de son écriture, de son scénario et la profondeur du gameplay font de ce jeu de rôle une véritable pépite. Avec cette suite, Atlus semble vouloir aller plus loin. Sans mettre de côté l’essence de son jeu phare, il met en avant de nouveaux mécanismes qui remplacent en partie ceux que l’on connaissait déjà. Faisant de ce sequel, un spin-off également!
Tout d’abord, les combats au tour par tour disparaissent et laissent place à des batailles en temps réel dans lesquelles interviennent des dizaines voire des centaines d’ennemis appelés Ombres. A l’instar d’un musou (Omega Force oblige), nous affrontons des hordes à l’aide de coups rapides, de coups puissants et de coups spéciaux dans une équipe de quatre personnages au choix.
Si les combos sont élevés et si l’adversaire est étourdi, il est même possible de faire intervenir dans une mêlée l’intégralité de nos compagnons. Les affrontements sont donc rapides et laissent peu de place à la stratégie, contrairement au tour par tour. C’est nerveux et puissant, mais parfois confus, surtout au début car l’écran affiche un nombre conséquent d’information et de sous-titres. Il faut donc s’accrocher.
Cependant, ce système va bien au-delà du classique musou et il s’apparente davantage à un action-RPG. En effet, il n’y a pas d’objectifs à accomplir, pas de tactiques à préparer, pas de forts à posséder ni de commandants à éliminer. Nous nous déplaçons comme bon nous semble dans le Metavers. Les Prisons (qui remplacent les Palais de P5) s’apparentent à des donjons que nous parcourons d’un point A à un point B pour éliminer, le cas échéant, un boss (en général le Monarque).
Sur notre chemin, nous rencontrons une Ombre qui, une fois le combat engagé, rameute tous ses petits copains. Il est toutefois possible de s’infiltrer et prendre cette Ombre par surprise pour l’éliminer plus facilement. De plus, il est préférable d’interagir avec l’environnement pour remporter la victoire. On fait ainsi tomber un lustre, exploser une voiture, ou on tournoie autour d’un lampadaire pour décimer toute une horde. Malin!
Que serait Persona sans…personas. Ces invocations représentent la véritable nature d’une personne et chacun des Voleurs Fantômes en possèdent un. On les fait intervenir lors des batailles en cliquant sur R. Le jeu se met ainsi en pause et on sélectionne la magie la plus efficace en fonction des forces et faiblesses de nos opposants (feu, glace, électricité, nucléaire…). Cela consomme toutefois du mana, unité rare et impossible à farmer. A utiliser avec parcimonie !
A la fin d’un combat, certains groupes d’ennemis vaincus laissent tomber un masque, que Joker peut récupérer. Il obtient alors un persona supplémentaire dans son inventaire. Ce héros est en effet le seul à obtenir plusieurs de ces créatures, qu’il peut fusionner pour en créer de nouvelles dans la Chambre de Velours.
Il n’y a pas que les combats dans la vie. Ce Persona 5 Strikers met aussi en valeur le clan des Voleurs Fantômes et ses 7 étudiants. Sous forme de visual novel, nous suivons leurs interactions entre chaque objectif et avons même des choix de dialogues. Chaque séquence est intéressante et nous permet de découvrir plus en profondeur chacun des personnages.
Une fois encore, ces derniers se relèvent matures et charismatiques. Par contre, ces moments s’avèrent souvent longs et bavards. Mais c’est plus ou moins la seule manière d’améliorer leurs liens. Contrairement à Persona 5, il n’y a pas de gestion du calendrier, d’exams ou de mini-jeux pour booster leur amitié, seulement une jauge à faire grimper selon les circonstances. En faisant monter en niveau les liens, on obtient des SP à dépenser pour améliorer les compétences de l’équipe.
En cela, Persona 5 Strikers s’avère plus linéaire que son homologue au tour par tour. Le soft est plus direct et cherche moins à faire dans le détail et la stratégie. Cela se ressent dans les objectifs, qui peinent à se renouveler. Voici le schéma classique : on va dans une nouvelle ville, on enquête sur un fait étrange, on découvre la Prison, on l’infiltre, on bat le Monarque, et on récupère les désirs des victimes.
Le Metavers est plus étroit, avec des Prisons qui se terminent rapidement mais celles-ci se distinguent par des phases de plateformes en 2D lors des sessions d’infiltration. Enfin, les quêtes annexes sont anecdotiques et souvent sans grand intérêt (vaincre un certain nombre d’ennemis, récupérer un objet, etc).
L’identité visuelle de Persona est toujours bien présente. C’est coloré, riche en détails et les personnages ont beaucoup de personnalité. Une nouvelle fois, les menus attirent l’œil et mettent en lumière nos Voleurs Fantômes dans leurs costumes. C’est très artistique! Les environnements sont également assez réalistes. Enfin, les cinématiques sont d’excellente qualité et donnent l’impression de suivre un anime.
Côté technique, le jeu tourne mieux en mode portable qu’en mode docké. En effet, l’écran étant plus petit, on ne se rend pas trop compte des clipping et aliasing. Sur télévision, cependant, c’est plus flagrant et assez baveux. Sans compter les nombreux temps de chargement. C’est le prix à payer pour avoir un soft stable, sans chute de framerate. Mais avouons-le, pendant les combats, on n’a pas vraiment le temps d’y prêter attention.
La bande-son est aux petits oignons. On retrouve les thèmes de Persona 5, certains étant réarrangés pour l’occasion. Pour coller au côté “action”, les morceaux sont un peu moins jazzy et plus rock. On a aussi des titres totalement inédits et très agréables à écouter. Enfin, les voix sont, au choix, en anglais ou en japonais, et les sous-titres intégralement en français.
S’agissant d’un action-RPG plus direct dans son approche, la durée de vie devient ainsi moins longue. On ne passe pas une centaine d’heures sur une partie mais bien une quarantaine (ou une cinquantaine selon si on recherche ou non le 100%). Ce qui est déjà pas mal pour un jeu de ce style.
Persona 5 Strikers présente un tout nouveau personnage, Sophia, une IA “amie de l’humanité” qui accompagne nos héros pendant leur aventure. Le parcours s’effectue en mode road-trip, puisqu’un van leur est prêté pour traverser tout le Japon. On va ainsi de villes en villes en tissant des liens, et il est même possible de préparer des repas pour sa bande. Même s’il y a des combats dans le Metavers, on a presque l’impression de partir en vacances.
Il fallait oser mélanger l’ambiance de Persona avec la formule très typée “action” des musou à la Warriors. Atlus et Omega Force l’ont fait. Et le résultat est à la hauteur de nos espérances. Persona 5 Strikers mélange avec brio mécaniques RPG, narration soignée, et combats nerveux dans cette suite intéressante en forme de road-trip. Si les fans retrouvent avec plaisir l’essence de leur licence préférée, les néophytes risquent d’être perdus lors des premières heures de jeu. Car les Persona sont totalement absents du catalogue de Nintendo, et aucun résumé n’est proposé. Néanmoins, l’ambiance, la qualité des cinématiques, la profondeur du scénario et le dynamisme des batailles permettent d’oublier cet aspect…et on passe un très bon moment!
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