Test : Stranger Things 3 sur Nintendo Switch

Stranger Things 3 : The Game

Genre : Aventure, Action, Rétro
Sous-titres : Allemand, Anglais, Coréen, Espagnol, Français, Italien, Japonais, Portugais
Développé par BonusXP
Édité par BonusXP/Netflix
Sortie France : 04/07/2019
Prix : 17,99€ sur l’eShop
Taille : 1521,48Mo
Joueurs : 2
Age minimum : 12

Site Web Officiel

Les années 80. La New Wave, les toutes premières consoles de jeu, les balbutiements de l’informatique grand public, soirées Donjons & Dragons, affrontements avec les monstres venus d’une autre dimension, pouvoirs psychiques que l’on nous greffe quand on sert d’expériences de laboratoire… Si vous avez lu ces lignes avec un frisson nostalgique vous avez sans doute vécu tout ça. Qui n’a jamais squatté la chambre de ses potes pour faire des sessions de jeu tout en sauvant la ville d’une invasion extraterrestre ou d’une attaque de Cthulhu? Bon ok j’exagère un peu, enfin du moins pour l’invasion extra-terrestre, mais ÇA A EXISTÉ! Netflix en a même fait une série télé! Vous voulez la recette? Fort bien! On prend les années 80, une de nos périodes rétro favorites, on rajoute un style inspiré des films de la période 80/début 90 avec un léger soupçon de Spielberg et Zemeckis et d’autres œuvres emblématiques comme E.T, Retour vers le Futur, Terminator, Roger Rabbit, Les Goonies, Gremlins, Poltergueist, Star Wars, Indiana Jones, Rencontre du Troisième Type ou encore Akira de Otomo pour ne citer qu’eux. Autant de films parmi tant d’autres dans lesquels la série a puisé son gigantesque flot d’influences pour tenter de reproduire cette atmosphère si typique où l’horreur convolait souvent en justes noces avec le merveilleux, l’humour et l’émotion. Bref secouez le tout et paf, ça fait du Stranger Things, un des gros cartons et “classiques” de la fameuse chaîne de streaming qui a signé tout récemment sa troisième saison et nous mitonne la quatrième avec amour. Si les avis sur la saison 3 ont été des plus polarisés, cela n’empêche pas le show de garder sa place dans le coeur des fans. Suffisamment en tout cas pour que Netflix et BonusXP (qui avait déjà planché sur une première adaptation en sus d’autres jeux) en fassent un jeu-vidéo dont le pitch reprend les grandes lignes de cette dernière. Il sera superflu donc de préciser qu’il est préférable de ne pas jouer au jeu avant d’avoir vu la saison 3 (pour ne pas dire la série tout court si vous ne l’avez pas fait) afin de vous épargner les spoilers.

 

Le jeu ne se contente pas de reproduire pas à pas l’évolution de l’histoire. Reprenant un concept bien connu, celui-ci rallonge certaines scènes qui sont censées être brèves et se permet même de rajouter quelques séquences qui ne figuraient pas dans la saison. Un moyen comme un autre de gonfler artificiellement la durée du jeu mais surtout d’étoffer un peu l’univers de la série en apportant de nouvelles anecdotes. On se permettra cependant de tempérer légèrement l’enthousiasme quand vient la question de la traduction française parfois assez approximative. Syntaxe hasardeuse et fautes d’orthographe font quand même parfois tiquer l’oeil (comme pour ce “mission : compléter”. Une relecture plus poussée aurait quand même permis de corriger ces quelques coquilles.

 

Plongé.e dans la ville de Hawkins, vous allez donc incarner tour à tour les différents protagonistes de la saga. Si vous ne démarrez qu’avec seulement deux personnages, vous allez progressivement en débloquer de nouveaux jusqu’à en obtenir un total de 12 à jouer. Chacun possède évidemment sa propre façon de combattre ainsi qu’une capacité propre. Lucas par exemple se bat au lance-pierres et peut activer une bombe pour dégager des passages alors que de son côté Dustin fait la part belle au spray et peut faire appel à ses compétences en matière de hacking pour libérer des passages via un mini-jeu. Toute l’évolution du soft consistera donc à jongler d’un personnage à l’autre selon la situation afin de progresser et de vaincre les énigmes et les puzzles. Un concept qui n’est pas sans rappeler celui de la fameuse saga LEGO dont les jeux aussi se focalisent sur une progression débloquée parallèlement à la découverte de nouveaux personnages. A ce niveau l’aspect coop prend vraiment de l’importance : un autre joueur pourra en effet contrôler le deuxième personnage (géré par I.A et un système de commandes en solo) ce qui permettra donc une double dose de fun, d’autant plus que certaines énigmes et certains puzzles mettent l’accent sur la collaboration. On retrouve pour l’occasion notre ami l’écran splitté. Ah la joie des vieilles années!

Mais Hawkins n’est pas sans danger et que serait un jeu d’action sans ennemi à affronter? Vous allez en rencontrer croyez moi! Attendez-vous à une foire aux rats et aux russes habillés comme des bikers qui n’hésiteront pas à vous sauter dessus par vagues. Et bien sûr il vous faudra vous farcir quelques boss, eux aussi directement tirés de la série. Chacun d’entre eux nécessitera une stratégie particulière pour être vaincu. Attention donc de bien veiller à analyser votre environnement et trouver leur point faible car certains sont assez coriaces! Les combats s’ils sont dynamiques peuvent hélas parfois être un peu confus d’autant plus que le plan isométrique n’aide pas forcément à une bonne réactivité.  De plus certains personnages s’avèrent particulièrement difficiles à gérer en situation d’affrontement : si on appréciera le côté dégâts de zone du spray de Dustin, notre Nancy adorée joue les kamikazes avec sa petite paire de ciseaux ce qui risque de frustrer surtout en situation délicate. On aura chacun ses chouchous et ses canards boiteux et il est dommage que l’équilibrage des personnages n’ait pas été un peu plus travaillé car très rapidement certains d’entre eux seront relégués dans les fosses hadales des sidekicks inutiles.

 

 

On notera aussi que nos personnages auront deux barres à gérer : d’abord la vie qui se videra évidemment après chaque coup ennemi encaissé. Un système de blocage (pensez aux boucliers de Smash Bros, tiens) vous permettra d’encaisser brièvement certaines attaques mais globalement vous n’en ferez pas grand usage. Pour récupérer de la vie vous pourrez faire appel à des coeurs que vous trouverez en détruisant des objets, en tuant des ennemis ou en stockant des canette de Cola que vous pourrez boire à tout moment. L’autre barre est l’énergie qui vous permet de vous servir de votre compétence spéciale. Il vous faudra donc la garder elle aussi au beau fixe en trouvant des orbes qui vous permettront de la recharger.

De la ville de Hawkings au centre commercial Starcourt en passant part la cabane de Hopper, tous les lieux emblématiques de la série se sont donnés rendez-vous pour vous replonger dans l’univers de Stranger Things. Au programme exploration et quêtes, ces dernières étant réparties en deux groupes suivant un schéma proche des RPG : d’abord en premier lieu les quêtes principales qui feront progresser l’histoire et de l’autre les secondaires qui hélas ont tendance à suivre assez régulièrement le pas très sacro-saint schéma du FEDEX : on vous enverra en effet assez régulièrement rechercher un objet pour un personnage. Si ces quêtes peuvent présenter un intérêt sur le plan de l’évolution des personnages, il est dommage qu’elles n’essayent pas de faire dans la variété. Si toutefois vous aimez les découvertes sachez que le jeu vous propose également de retrouver 50 nains de jardin dispersés à travers toute la ville. L’occasion de découvrir de savoureuses petites anecdotes mais aussi de débloquer des récompenses.

 

Stranger Things 3 fait aussi la part belle à un duo bien connu et très à la mode en ce moment : le gathering et le crafting. L’environnement de Hawkins est en effet destructible dans sa grande majorité : buissons, poubelles, chaises, bornes d’incendies et autres éléments pourront faire l’objet de vos pulsions destructrices. Un concept qui là encore rappelle la fameuse saga LEGO. Des objets pourront ainsi être récupérés comme de l’argent mais aussi divers éléments qui feront office de composants. En utilisant des ateliers éparpillés un peu partout dans la ville et ses environs, vous pourrez fabriquer des gadgets qui amélioreront les capacités de votre équipe. Explorer et récolter constitueront donc une bonne partie de votre temps libre entre deux missions si vous souhaitez véritablement mettre au point le plus de gadgets et ainsi garantir la solidité de votre équipe. A ce sujet, sachez qu’on en compte deux sortes : ceux qui favorisent un personnage précis et ceux qui influent sur l’ensemble du groupe. Et là intervient la faille dans la matrice : si vous équipez des objets qui améliorent les compétences d’un personnage, ils deviennent inutiles quand vous passez sur un autre… Vous forçant pour le coup à changer régulièrement de composition ou à favoriser uniquement les gadgets qui touchent l’ensemble du groupe. Assez frustrant au final et sans doute qu’un système d’équipement propre à chaque personnage aurait été peut-être plus sympa. D’autant plus que vous n’avez que cinq emplacements donc tachez de choisir la bonne composition!

On le sait Stranger Things table sur la nostalgie d’une époque bénie pour fidéliser son auditoire. Si les générations les plus récentes verront sans doute la série d’un oeil différent (sans être désintéressé), les vétérans qui l’ont vécue pleinement (comme votre serviteur) seront beaucoup plus directement touchés. Sur un plan personnel, je ne peux pas dire que mes journées étaient consacrées à faire du Donjons & Dragons, ne connaissant pas le jeu à l’époque (et personne n’y jouant dans mon entourage). J’en étais plutôt à  faire mes premières armes de gamer sur une NES (le jeu vidéo était alors en pleine résurrection sous la houlette de Nintendo après le crash de 83) et à découvrir les balbutiement de l’informatique grand public (aaah l’affichage en 256 couleurs, le son 8bits, les disquettes de 1.44Mo, mon premier modem à 14K…). Le pixel était alors roi et est depuis devenu le symbole du rétro. La tentation de faire appel à lui était donc logique pour les développeurs du jeu et l’occasion donc d’opérer une sympathique mise en abyme : la nostalgie comme outil pour adapter une série qui table elle-même dessus. Pixel art et vue isométrique vont donc vous replonger à l’époque bénie des 16 bits (souvenez vous de Landstalker, Paperboy, Solstice, Fallout et j’en passe). Le résultat est génial avec un fourmillement de détails et une patte que les nostalgiques comme moi retrouveront comme à chaque fois avec un bonheur non dissimulé. Reste que ce parti pris tout aussi louable soit-il a un coût : la perte des émotions. Difficile en effet de ressentir celles colportées par la série quand on assiste aux même séquences dans un format pixelisé. Du coup les scènes fortes tombent quelque peu à plat quand elles sont illustrées au sein du jeu. Évidemment on ne peut pas comparer un jeu en 2D pixelisée avec les ténors cinématographiques que l’on voit aujourd’hui mais ce fait est malgré tout notable. Pour ceux qui chercheraient à renouer avec les émotions de la série, le résultat risque de faire l’effet d’une douche froide.

Fort heureusement la bande-son rattrape le tout en proposant des compositions redoutables : le synthé s’en donne à coeur joie pour installer une atmosphère mystérieuse et oppressante et le résultat est un véritable bonheur pour les oreilles. On retrouve évidemment le style original de la série et la bande-son n’a en conséquence rien à envier à celle de la version TV. Pour les effets sonores, le rétro est aussi au rendez-vous avec des sonorités qu’on aurait retrouvé sans problèmes sur nos 8 et 16 bits et là encore ceux qui ont connu cette époque ne pourront retenir un frisson de plaisir. Bref  une véritable madeleine de Proust auditive!

Stranger Things vous réserve une bonne poignée d’heures de jeu mais reste à voir comment vous l’aborderez car les quêtes annexes FEDEX et l’énorme côté “gather and craft” peuvent très rapidement vous ennuyer et vous pousser à vous focaliser uniquement sur l’aventure principale au détriment du reste. De plus le manque de renouveau dans le style de combat conduit rapidement à ressentir un effet de répétition qui vous donnera envie de les expédier plus rapidement qu’autre chose. Dans tous les cas, comptez donc entre 8 et 12 heures passées au sein de la ville d’Hawkins en tablant large selon votre rythme de jeu et votre appréciation du gameplay.

Et si vous en redemandez, sachez que compléter l’aventure vous permettra de débloquer le mode “Éliminateur”, un mode New Game +. Pour résumer : vous démarrerez de nouveau l’aventure mais cette fois-ci tous les personnages seront débloqués! Bien sûr vous vous doutez qu’il y a un hic… C’est le cas et il s’appelle permadeath! Ça ne vous dit rien? En gros c’est très simple : quand un personnage meurt, il est perdu définitivement! Si tout votre roster se fait donc dégommer, c’est game over. À réserver à ceux qui aiment le challenge et qui ont envie de retourner se plonger dans les mystères de Hawkins.

Stranger Things 3 : The Game assure parfaitement sa mission de “produit de fan promotionnel”. Avec son style rétro léché, son gameplay nerveux et focalisé sur l’exploration et la coopération, son petit côté gathering/crafting, sa batterie de petites énigmes et puzzles et sa fidélité aux canons de la série, il s’impose comme un indispensable pour tous les fans de Stranger Things si tant est qu’ils ont vu déjà la saison 3 dont il reprend les grandes lignes. Reste que le jeu n’est pas sans défaut : la 2D tue quelque peu les émotions, la traduction française aurait mérité un peu plus de soin, les combats sont parfois confus, les personnages déséquilibrés, les quêtes parfois trop répétitives et le système de gadget aurait mérité d’être un peu moins frustrant. Fort heureusement ces quelques éléments n’entravent pas trop le plaisir du jeu car Stranger Things 3 n’en demeure pas moins une lettre d’amour au jeu vidéo rétro chargée de nostalgie mais aussi un cadeau pour tous les fans de la série (mais aussi les amateurs de rétro). Un jeu incontournable donc si vous faites partie de ces deux catégorie mais qui sera peut-être plus dispensable pour les autres.

Test réalisé par RetrowaveGeek sur une version offerte par l’éditeur
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