Test : FAR : Lone Sails sur Nintendo Switch

FAR : Lone Sails

Genre : Aventures, plateforme, casse-tête
Langues :Allemand, Anglais, Espagnol, Français, Italien, Japonais, Coréen, Portugais, Russe, Chinois
Développé par Okomotive
Édité par Mixtvision
Sortie France : 18/08/2019
Prix : 14,99€ sur l’eShop
Taille : 2314,21Mo
Joueurs : 1
Age minimum : 7

Site Web Officiel

Dans un monde post-apocalyptique où la présence de l’humain semble drastiquement se raréfier, un personnage solitaire esseulé tente de retrouver les traces de la civilisation. Ayant en effet affronté le décès d’une figure tutélaire dont nous ne saurons que peu de choses (Parent, vieil ami ?), notre héros ne pourra compter que sur un antique véhicule qu’il améliorera au gré de ses pérégrinations. Ensemble, l’Homme et la machine pourront peut-être fuir cet univers inhospitalier où se côtoient l’angoisse de l’abandon et une poésie perpétuelle qui trouvera écho dans ces vastes étendues d’un vide pénétrant.

FAR : Lone Sails est un séduisant road trip au cours duquel notre pèlerin n’aura de cesse d’alimenter le réservoir de son char de fortune afin d’espérer progresser. Aussi, il devra souvent réfléchir afin d’entrevoir une quelconque issue au cœur de débris de taules et d’oubli qui constituent ces ruines d’un monde jadis prospère. La narration se voudra alors parcellaire et d’une abstraction parfois déroutante, puisqu’il conviendra au joueur d’interpréter la cohérence des décors traversés afin d’appréhender le contexte au sein duquel il évolue. Parfois, quelques tableaux se chargeront de clarifier les quelques bribes de lignes scénaristiques, même s’il faut déplorer un background finalement esquissé au détriment d’un lore qui aurait mérité d’être davantage exploité.

Le joueur contrôle ainsi un (minuscule) personnage chargé d’alimenter un gigantesque véhicule. Il devra par exemple transformer des objets glanés au gré de son avancée afin de les transformer en carburant, lequel poussera l’engin sur quelques kilomètres avant de s’épuiser momentanément. Mais il faudra composer avec certains combustibles inflammables qui nécessiteront une intervention express au tuyau d’arrosage, ou quelques désagréments techniques qui pourront heureusement être affrontés par le biais d’un petit coup de chalumeau. Aussi, le bolide sera rapidement doté d’une paire de voiles déchirées qui offriront au héros un court répit en exploitant la force d’Éole, ou d’un treuil qui servira par exemple à s’extirper des plus bourbeuses situations.

Parfois, c’est avec le cœur lourd qu’il faudra quitter la monture afin de résoudre quelques énigmes. En effet, la métallique carcasse aura tendance à se retrouver prisonnière d’étroites routes obstruées, et seul le leste voyageur saura déblayer une issue favorable. Intéressants, ces passages diversifient l’expérience et créent un véritable attachement pour ce cheval de fer que l’on a tant de peine à abandonner, de peur de perdre notre seul compagnon de route et de rouille. Les développeurs sont parvenus à humaniser le véhicule et l’on se surprend à exécuter les diverses interactions avec une réelle empathie pour cet amoncèlement de bouts de ferraille salvatrice.

Esthétiquement, le jeu est une petite merveille. Les décors aux couleurs délavées alternent entre de vastes étendues bichromes, de somptueux crépuscules et des ambiances nocturnes inquiétantes. Seul bémol : la vue choisie peut se révéler anti-ergonomique en mode portable puisque le studio Ocomotive a choisi de centrer l’action sur le véhicule tout entier. C’est certes indispensable pour envisager sa mécanique dans son entièreté afin de jongler d’une machinerie à l’autre, mais il est parfois peu aisé de distinguer notre petit personnage. Heureusement, les développeurs ont pensé à un zoom et un dézoom bien pratiques, respectivement activables en pressant ZR et ZL, ce qui permet de palier cet inconvénient.

Aussi, cette feature permet d’aborder logiquement l’excellence du sound design. D’une part, l’atmosphère sonore est de toute beauté. Tantôt, des pistes envoutantes viennent rythmer l’action tandis que d’autres étapes de l’aventure s’effectuent dans un silence que trahit seule la complainte des flots venteux. D’autre part, il existe une admirable cohérence en termes de bruitages et d’immersion sonore lorsque l’on zoome ou dézoome sur notre petit pilote, la sphère sonore s’adaptant à l’oreille de l’avatar. Ainsi, une vue rapprochée amplifiera la douce et grésillante mélopée du poste de radio résonnant contre les parois métalliques du char ailé, tandis qu’une vue distanciée se concentrera sur le morne fracas de la pluie sur la taule. On ne peut que louer un tel souci du détail !

FAR : Lone Sails est une aventure qui se parcourt d’une traite. Tristement, il ne vous faudra que deux ou trois heures pour en voir le bout. C’est malheureusement très court, d’autant plus que l’on a souvent l’impression que la plupart des mécaniques de jeu ne sont pas pleinement exploitées. C’est le cas de nombreuses améliorations qui, une fois un obstacle surmonté, ne sont plus jamais mises à l’honneur. Nous n’aurions pas craché sur quelques heures supplémentaires afin de magnifier cette expérience sensible et intimiste.

D’autant plus que la rejouabilité est quasiment inexistante. Il n’y a pas de collectible et aucun élément caché qui pourrait enrichir le background du soft, à la manière d’un Never Alone qui, par exemple, brillait par ses qualités documentaires. Malgré tout, on ressort de ces pérégrinations avec un réel sentiment d’accomplissement, et le soft a su s’arrêter avant de sombrer dans une quelconque redondance inhérente à la nature de son gameplay. Aussi, nous saurons lui excuser son étincelle éphémère au profit d’une poésie beaucoup plus durable.

Voyage passionnant mais diablement court (et quelque peu linéaire, également !), FAR : Lone Sails se doit d’être envisagé comme un poème aux vers éphémères dont l’écho retentira durablement dans le cœur des joueurs. Complainte harmonique de l’Homme et de la machine, l’œuvre parvient à marier des mécaniques de gameplay simples mais convaincantes et d’autres ingrédients plus abstraits que sont les sentiment et sensations à l’état pur. Virée sensible au cœur du vide, l’aventure plaira indubitablement aux pèlerins qui savent bien que le voyage importe plus que la destination.

Test réalisé par Yorick sur une version offerte par l’éditeur
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